Ce blog propose quelques-uns de mes textes et projets culturels : pièces sonores, rencontres et lectures publiques
mercredi, décembre 26, 2012
dimanche, décembre 02, 2012
Sur le dos, pensive, ou presque // Recueil en cours de composition
la paix de l’enfant qui joue au délivré
le désarroi
sans fin
dans
un carrousel en vrille
les
pensées perdent leurs ligatures
elle
semble glisser sur l’eau sans succomber
parce
qu’au dernier ricochet la vie se refuse à la mort
elle
sourit comme un enfant avec sa mère
mais
elle ne sait pas qu’elle sourit
elle
imagine un sein détaché
elle
l’aime comme elle-même
ou
bien une mère parfumée
elle
l’aime comme un culte
ou
bien une lettre cachetée
elle
l’aime sans l’ouvrir
ou
bien une image sacrée
elle
l’aime à s’y confondre
ou
bien elle imagine
by Saïd Nourine, octobre 2012
mercredi, novembre 07, 2012
Extrait à paraître dans la revue Népenthès (déc 2012)
I.
La
nuit, dans une pièce quasi vide, rue du Petit Jadis. Elle s’approche de lui et
se tient à ses côtés.
lèvres écloses
sa voix dans le silence
s’écoule sans hiatus
corps de liesse
les seins tapis dans la pénombre
une main caracole
l’autre reste sage sur le triangle frêle
comme les ventres balbutient des caprices
les pieds trépignent à l’unisson
sur le sofa où le temps s’oblitère
les nerfs à leur tour s’affolent
l’onde et les spasmes s’amplifient
jusqu’à ce que les reclus lascifs de pied en cap
s’apaisent
Saïd Nourine
samedi, mai 19, 2012
on ira au Mexique
s’asseoir dans un Zócalo
voir les fresques de Rivera
et sa
vision politique idyllique du peuple mexicain
mêlée aux prodiges des Nahuas
en camaïeu sur les murs
les portes les lucarnes les corniches
on verra des révolutionnaires en
mandorle
des carnavals grandeur nature
et Frida Kahlo en rêve...
avec
avec
viscères
tubes
sang
sur un lit d’hôpital
lignes triturées
sourcils extravagants
plans inclinés
membres torturés
silhouettes franches
magiemortdieuxabracadabrantesques
mardi, mai 08, 2012
Jeune, fine et rose. Jupe courte, trop courte. Il se tient
seul. Elle vient de quitter le vestiaire du night-club ; elle s’approche
et se tient à ses côtés. Il est souriant, chic.
Il est pour moi
se dit-elle
que voulez-vous ?
dit-il
je suis danseuse
dit-elle
quel genre de danse ?
dit-il
je fais tout
dit-elle
c’est-à-dire…
dit-il
vous êtes charmant
dit-elle
que voulez-vous au juste ?
dit-il
vous donner du plaisir
dit-elle
La serveuse pose un Armagnac pour lui, un Milkshake pour
elle. Subtilement, de sa main fine et blonde elle défait sa braguette, saisit
son sexe et lui chuchote de se laisser faire. Le pas vif de la serveuse rythme
ses caresses. Elle ne lâche rien. Au moment où elle le sent venir, elle retire
la paille du Milkshake et la fait coulisser sur ses lèvres. C’est trop ;
il cède.
lundi, mars 26, 2012
jeudi, mars 15, 2012
Déclin
Voir ma vieille maman décliner
c'est un hiver nucléaire
c'est l'impuissance
et c'est le sang
qui
goutte à goutte
s'écoule d'une blessure terrée au fond de ma poitrine
Il y a quelques mois elle bouquinait encore cinq livres par semaine
et bombardait ma frangine jour et nuit au téléphone
d'exigences absurdes et d'accusations
plus barjes les unes que les autres
Et là à 91 ans elle vient de baisser d'un cran
comme une tache qui disparaît d'un écran
comme une araignée
froide et solitaire
qui s'évanouirait dans la neige
[...]
Je
sais
maintenant
que
je
donnerais
à
peu
près
n'importe
quoi
pour
revoir
ses
doux
yeux
bleus
c'est un hiver nucléaire
c'est l'impuissance
et c'est le sang
qui
goutte à goutte
s'écoule d'une blessure terrée au fond de ma poitrine
Il y a quelques mois elle bouquinait encore cinq livres par semaine
et bombardait ma frangine jour et nuit au téléphone
d'exigences absurdes et d'accusations
plus barjes les unes que les autres
Et là à 91 ans elle vient de baisser d'un cran
comme une tache qui disparaît d'un écran
comme une araignée
froide et solitaire
qui s'évanouirait dans la neige
[...]
Je
sais
maintenant
que
je
donnerais
à
peu
près
n'importe
quoi
pour
revoir
ses
doux
yeux
bleus
Dan FANTE
mercredi, février 22, 2012
Soirée présentation de "L’origine du cérémonial", Claude LOUIS-COMBET Editions José Corti, janvier 2012
Rencontre avec Claude LOUIS-COMBET
Librairie Sandales d'Empédocle, Besançon
5 janvier 2012
(photo : Copyright Léa du Cos de Saint Barthèlemy)
D’abord cette phrase obsédante : « J’écris de l’enfant
comme d’une nostalgie ». Un prélude à ce beau triptyque, L’origine du Cérémonial,
composé de Gémellies, Choralies et Floralies.
Le premier texte, Gémellies, s’articule autour de deux
moments, la scène du garçon avec lesBlancheneuves (Albanea), un champignon à
fleur de peau, et celle des deux jumelles, Lise et Elise, scène où elles
s’abandonnent, en miroir, dans leur besoins naturels, au vu du garçon,
interdit. Chez Claude LOUIS-COMBET, l’enfant est en harmonie totale avec le
paysage qui l’entoure, en fusion, en dialectique. Il est englobé dans ce
paysage de « terres latentes sous les eaux, eaux latentes sous les terres ».
Mais déjà l’enfant, celui de la nostalgie, est aux prises avec l’interstice,
l’écart qui le pose toujours en deçà de l’objet de son désir. Et qui le voue à
la recherche du même, rencontré dans l’amour, entre solitude et extase. Ce
premier texte est celui du paysage intime, de la caresse, de la gémellité de
l’œil et du sexe, de la peau qui sous-tend l’œil, métaphore du sexe de
l’amante. Lise et Elise, les jumelles, seraient le terreau premier des
expériences érotiques à venir. Elles symbolisent la fusion originelle. Et
forment dans l’imaginaire du poète cette figure tant désirée : « L’homme né de
l’amante. Amante née de l’homme. »
Choralies est un poème sur « la création érophonique. Ou la
libre mélopée du corps jouissant ». La poésie se nourrit de la chair, et
toujours de la nostalgie entretenue. Dans ce texte, la gorge de l’amante, ses
lèvres, ses narines, sont le prolongement direct du sexe auquel elle «
appartient par toutes ses racines et ses infinies radicelles. » La gorge est un
signe. Celui de la mélopée des premiers émois, autour d’un garçon dont le
narrateur ne connait de lui que sa voix dans le chœur du chant. Avec cette
belle phrase qui résume tout : « Mon amour voulait le garder de mon impureté.
Mais son amour devait me rejoindre jusque dans mon impureté.» Voix d’alto et
voix de basse, frontière entre grâce et péché. Là aussi, et de façon plus
prégnante, le texte se nourrit des émotions religieuses.
Floralies. C’est d’abord un coin derrière l’église où l’on
jetait les fleurs qui servaient à la décoration de l’autel, toujours à l’ombre,
lieu, nous dit Claude LOUIS-COMBET, de prédilection du mal. Ce texte évoque,
encore et toujours, ce garçon de 11 ans, cette figure indispensable, cette
belle métonymie de l’homme. Evidemment, dans Floralies, la femme est associée
au jardin, les filles ont une nature florale. Mais cette femme n’est autre que
la grosse Torine, la mère du garçon, qui présidait à la décoration de l’église.
Floralies serait donc ce lien pervers, subtil entre l’enfant de fin d’enfance,
le monceau des fleurs pourrissantes, la profusion florale, liée à « la mère,
fruste, de sensualité obtuse, de religion bornée et femme cependant.»
L’imaginaire de l’enfant suit le fil d’un cercle
s’enfonçant en spirale jusqu’à l’objet de sa fascination et de sa convoitise :
sa main contourne ce qu’elle veut saisir ; sa marche en méandres qui ne
semblait l’éloigner de son but que pour l’en approcher plus sûrement ; sa
pensée qui se complaisait aux confins, pour tenir en suspens l’évidence.
L’enfant n’est autre que cet « œil de pécheur anxieux et avide», qui voyait dans
le pourrissoir des fleurs le reflet de son âme.
Dans l’Origine du Cérémonial, il y a conjonction ponctuelle
d’animalité, de végétabilité et d’humanité. Il y a cette poésie dans le
déploiement du désir. Mais il y a surtout ce lien indéfectible entre deux
instances, le « garçon » et le « je », l’instance du poète. L’écriture de
Claude LOUIS-COMBET est ce fil palpitant, cette manifestation pulsatile du
cordon ombilical entre le « garçon » et le poète, qui épouse la cause
fantasmatique de son personnage en lui injectant toute sa tension d'imaginaire.
Le texte serait la projection d'une rêverie personnelle qui s'alimente
elle-même à de multiples sources : mythologiques, oniriques, culturelles,
esthétiques, spirituelles, mystiques,...
Saïd NOURINE
Janvier 2012
Extrait de "Sauf si parmi l'excès", Saïd Nourine, 2010
…à l’index
à chaud
cheveux à l’index
lèvres brillantes
Nénuphars en fuite
Aux filaments palpitants
à l’arrimage du sexe
La langue fausse le style
Rieuse aperture
distant , en train d’écrire…
L’amant rouleur de rimes
file à l’endroit
et de travers
dessiner le dos tricheur
de sa
noiseuse
fondue dans ses phantasmes
I still want
La marche qui suspend
les suffocations à peine
subtiles.
Presque à reculons/
hors ligne
doigts repliés, cortex
de reptiles moqueurs
sur des fluides grisant
mes nerfs chanceux
(Hormis son buste)
m’y attendais-je et
cætera.
dimanche, janvier 22, 2012
mercredi, janvier 18, 2012
Extrait de "Lisa", roman de Saïd NOURINE
I. Elle est dans un labyrinthe, le ciel est
noir de jais, bas, très bas au point qu’elle l’a, littéralement, au-dessus de
sa tête. Il y a des chiens partout, des chiens errants. Elle se sent
poursuivie, elle presse le pas, s’en sort mais se retrouve face à un mur de
papier journal. Derrière elle, dans un rectangle tracé à la craie blanche, une
femme, serrée dans une gangue, se tortille frénétiquement pour s’en débarrasser,
ses pieds ne quittant jamais le sol. On dirait qu’elle pleure. Machinalement, elle
se voile la face, se dandine au ralenti, et pleure pour de vrai. Elle avance
vers Lisa, lui portant son extrait d’acte de naissance, avec la mention
décédée. Lisa est stupéfiée de ce qu’elle voit, elle ne tient plus sur ses jambes,
c’est la paralysie. Alors, la femme se frotte contre elle, les yeux mouillés,
lui met un morceau de pain dans la bouche, un autre dans la main, et lui
apprend à danser, pas à pas.
Dès la première séance elle m’a annoncé la
couleur : J’ai peur de devenir folle. Pourquoi ça tombe sur moi ?! Elle
était en colère, et me demandait souvent si je la trouvais normale. Ses récits confus,
fantasques tenaient sur un fil, quand elle ne se murait pas dans le silence.
(...)
En
son absence, je songe à ses yeux vert opaline, à la sinuosité que dessine la
rencontre de son front avec la racine de ses cheveux, à sa peau délicate, ses
lèvres sensibles. Et l’envie de la caresser, de tenir son visage dans mes
mains, de lui chuchoter des mots tendres ou salaces, d’entendre sa façon
si particulière de dire j'en raffole, idiot, pour un oui ou pour un
non.
La
prochaine fois, elle sera encore plus ravissante, je la tiendrai par la taille,
on ira au Bar Déco. Il faut la faire rire. Prévoir qu’elle ne supportera
pas trop longtemps la fumée, sortir, prendre l'air, rester attentif à la
moindre de ses envies.
Début
juillet, elle est revenue, étincelante. Viens avec moi, on va à Salzbourg.
On s’installe dans la
maison de son père, murs hauts, sol carrelé. A l’époque on ne mettait pas de
joint, c’est plus joli. Au-dessus du piano, il y avait une belle gravure, Saint
Matthieu et l’Ange. Regarde bien, on dirait que l’ange va parler, j’aime
bien ce jeu entre le blanc du drap et le rouge de la tunique. Sinon fais comme
chez toi, mon père est en vacances. Le soir, entre autres, elle me lisait des
vers en allemand, l’après-midi, on se promenait dans son Mini Cooper.
Quartier libre le matin.
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