dimanche, décembre 02, 2012

Sur le dos, pensive, ou presque // Recueil en cours de composition





la paix de l’enfant qui joue au délivré  

le désarroi sans fin 
dans un carrousel en vrille

les pensées perdent leurs ligatures

elle semble glisser sur l’eau sans succomber    
parce qu’au dernier ricochet la vie se refuse à la mort


elle sourit comme un enfant avec sa mère
mais elle ne sait pas qu’elle sourit

elle imagine un sein détaché  
elle l’aime comme elle-même

ou bien une mère parfumée
elle l’aime comme un culte

ou bien une lettre cachetée
elle l’aime sans l’ouvrir  

ou bien une image sacrée 
elle l’aime à s’y confondre   

ou bien elle imagine
by Saïd Nourine, octobre 2012

mercredi, novembre 07, 2012

Extrait à paraître dans la revue Népenthès (déc 2012)


I.                  La nuit, dans une pièce quasi vide, rue du Petit Jadis. Elle s’approche de lui et se tient à ses côtés.



lèvres écloses  
sa voix dans le silence  
s’écoule sans hiatus
corps de liesse
les seins tapis dans la pénombre
une main caracole
l’autre reste sage sur le triangle frêle

comme les ventres balbutient des caprices
les pieds trépignent à l’unisson
sur le sofa où le temps s’oblitère
les nerfs à leur tour s’affolent
l’onde et les spasmes s’amplifient 
jusqu’à ce que les reclus lascifs de pied en cap s’apaisent

Saïd Nourine



samedi, mai 19, 2012




on ira au Mexique


s’asseoir dans un Zócalo
voir les fresques de Rivera
et sa vision politique idyllique du peuple mexicain
mêlée aux prodiges des Nahuas
en camaïeu sur les murs
les portes les lucarnes les corniches

on verra des révolutionnaires en mandorle
des carnavals grandeur nature

et Frida Kahlo en rêve...
avec
viscères
tubes
sang
sur un lit d’hôpital

lignes triturées
sourcils extravagants
plans inclinés
membres torturés
silhouettes franches

magiemortdieuxabracadabrantesques



J'aurai le plaisir de participer au 2ème Festival de littérature contemporaine, Dijon les 1, 2 et 3 juin 2012


mardi, mai 08, 2012




Jeune, fine et rose. Jupe courte, trop courte. Il se tient seul. Elle vient de quitter le vestiaire du night-club ; elle s’approche et se tient à ses côtés. Il est souriant, chic.  

Il est pour moi
se dit-elle

que voulez-vous ?
dit-il

je suis danseuse
dit-elle

quel genre de danse ?   
dit-il

je fais tout
dit-elle

c’est-à-dire…
dit-il

vous êtes charmant
dit-elle

que voulez-vous au juste ?
dit-il

vous donner du plaisir
dit-elle 


La serveuse pose un Armagnac pour lui, un Milkshake pour elle. Subtilement, de sa main fine et blonde elle défait sa braguette, saisit son sexe et lui chuchote de se laisser faire. Le pas vif de la serveuse rythme ses caresses. Elle ne lâche rien. Au moment où elle le sent venir, elle retire la paille du Milkshake et la fait coulisser sur ses lèvres. C’est trop ; il cède.



jeudi, mars 15, 2012

Déclin

Voir ma vieille maman décliner
c'est un hiver nucléaire


c'est l'impuissance


et c'est le sang
qui
goutte à goutte
s'écoule d'une blessure terrée au fond de ma poitrine


Il y a quelques mois elle bouquinait encore cinq livres par semaine
et bombardait ma frangine jour et nuit au téléphone
d'exigences absurdes et d'accusations
plus barjes les unes que les autres


Et là à 91 ans elle vient de baisser d'un cran
comme une tache qui disparaît d'un écran
comme une araignée
froide et solitaire
qui s'évanouirait dans la neige


[...]


Je
sais
maintenant
que
je
donnerais
à
peu
près
n'importe
quoi
pour
revoir
ses
doux
yeux
bleus


Dan FANTE

mercredi, février 22, 2012

Soirée présentation de "L’origine du cérémonial", Claude LOUIS-COMBET Editions José Corti, janvier 2012



Rencontre avec Claude LOUIS-COMBET
Librairie Sandales d'Empédocle, Besançon
5 janvier 2012
(photo : Copyright Léa du Cos de Saint Barthèlemy)


D’abord cette phrase obsédante : « J’écris de l’enfant comme d’une nostalgie ». Un prélude à ce beau triptyque, L’origine du Cérémonial, composé de Gémellies, Choralies et Floralies.
Le premier texte, Gémellies, s’articule autour de deux moments, la scène du garçon avec lesBlancheneuves (Albanea), un champignon à fleur de peau, et celle des deux jumelles, Lise et Elise, scène où elles s’abandonnent, en miroir, dans leur besoins naturels, au vu du garçon, interdit. Chez Claude LOUIS-COMBET, l’enfant est en harmonie totale avec le paysage qui l’entoure, en fusion, en dialectique. Il est englobé dans ce paysage de « terres latentes sous les eaux, eaux latentes sous les terres ». Mais déjà l’enfant, celui de la nostalgie, est aux prises avec l’interstice, l’écart qui le pose toujours en deçà de l’objet de son désir. Et qui le voue à la recherche du même, rencontré dans l’amour, entre solitude et extase. Ce premier texte est celui du paysage intime, de la caresse, de la gémellité de l’œil et du sexe, de la peau qui sous-tend l’œil, métaphore du sexe de l’amante. Lise et Elise, les jumelles, seraient le terreau premier des expériences érotiques à venir. Elles symbolisent la fusion originelle. Et forment dans l’imaginaire du poète cette figure tant désirée : « L’homme né de l’amante. Amante née de l’homme. »

Choralies est un poème sur « la création érophonique. Ou la libre mélopée du corps jouissant ». La poésie se nourrit de la chair, et toujours de la nostalgie entretenue. Dans ce texte, la gorge de l’amante, ses lèvres, ses narines, sont le prolongement direct du sexe auquel elle « appartient par toutes ses racines et ses infinies radicelles. » La gorge est un signe. Celui de la mélopée des premiers émois, autour d’un garçon dont le narrateur ne connait de lui que sa voix dans le chœur du chant. Avec cette belle phrase qui résume tout : « Mon amour voulait le garder de mon impureté. Mais son amour devait me rejoindre jusque dans mon impureté.» Voix d’alto et voix de basse, frontière entre grâce et péché. Là aussi, et de façon plus prégnante, le texte se nourrit des émotions religieuses.

Floralies. C’est d’abord un coin derrière l’église où l’on jetait les fleurs qui servaient à la décoration de l’autel, toujours à l’ombre, lieu, nous dit Claude LOUIS-COMBET, de prédilection du mal. Ce texte évoque, encore et toujours, ce garçon de 11 ans, cette figure indispensable, cette belle métonymie de l’homme. Evidemment, dans Floralies, la femme est associée au jardin, les filles ont une nature florale. Mais cette femme n’est autre que la grosse Torine, la mère du garçon, qui présidait à la décoration de l’église. Floralies serait donc ce lien pervers, subtil entre l’enfant de fin d’enfance, le monceau des fleurs pourrissantes, la profusion florale, liée à « la mère, fruste, de sensualité obtuse, de religion bornée et femme cependant.»
L’imaginaire de l’enfant suit le fil d’un cercle s’enfonçant en spirale jusqu’à l’objet de sa fascination et de sa convoitise : sa main contourne ce qu’elle veut saisir ; sa marche en méandres qui ne semblait l’éloigner de son but que pour l’en approcher plus sûrement ; sa pensée qui se complaisait aux confins, pour tenir en suspens l’évidence. L’enfant n’est autre que cet « œil de pécheur anxieux et avide», qui voyait dans le pourrissoir des fleurs le reflet de son âme.

Dans l’Origine du Cérémonial, il y a conjonction ponctuelle d’animalité, de végétabilité et d’humanité. Il y a cette poésie dans le déploiement du désir. Mais il y a surtout ce lien indéfectible entre deux instances, le « garçon » et le « je », l’instance du poète. L’écriture de Claude LOUIS-COMBET est ce fil palpitant, cette manifestation pulsatile du cordon ombilical entre le « garçon » et le poète, qui épouse la cause fantasmatique de son personnage en lui injectant toute sa tension d'imaginaire. Le texte serait la projection d'une rêverie personnelle qui s'alimente elle-même à de multiples sources : mythologiques, oniriques, culturelles, esthétiques, spirituelles, mystiques,...

Saïd NOURINE

Janvier 2012

Extrait de "Sauf si parmi l'excès", Saïd Nourine, 2010


…à l’index

à chaud
cheveux à l’index
lèvres brillantes
Nénuphars en fuite

Aux filaments palpitants
à l’arrimage du sexe
La langue fausse le style

Rieuse aperture

distant , en train d’écrire…
L’amant rouleur de rimes
file à l’endroit
et de travers
dessiner le dos tricheur

 de sa noiseuse

fondue dans ses phantasmes
I still want
La marche qui suspend
les suffocations à peine
subtiles.
Presque à reculons/

hors ligne
doigts repliés, cortex
de reptiles moqueurs
sur des fluides grisant
mes nerfs chanceux
(Hormis son buste)
m’y attendais-je et
cætera.

mercredi, janvier 18, 2012

Extrait de "Lisa", roman de Saïd NOURINE


I. Elle est dans un labyrinthe, le ciel est noir de jais, bas, très bas au point qu’elle l’a, littéralement, au-dessus de sa tête. Il y a des chiens partout, des chiens errants. Elle se sent poursuivie, elle presse le pas, s’en sort mais se retrouve face à un mur de papier journal. Derrière elle, dans un rectangle tracé à la craie blanche, une femme, serrée dans une gangue, se tortille frénétiquement pour s’en débarrasser, ses pieds ne quittant jamais le sol. On dirait qu’elle pleure. Machinalement, elle se voile la face, se dandine au ralenti, et pleure pour de vrai. Elle avance vers Lisa, lui portant son extrait d’acte de naissance, avec la mention décédée. Lisa est stupéfiée de ce qu’elle voit, elle ne tient plus sur ses jambes, c’est la paralysie. Alors, la femme se frotte contre elle, les yeux mouillés, lui met un morceau de pain dans la bouche, un autre dans la main, et lui apprend à danser, pas à pas.



Dès la première séance elle m’a annoncé la couleur : J’ai peur de devenir folle. Pourquoi ça tombe sur moi ?! Elle était en colère, et me demandait souvent si je la trouvais normale. Ses récits confus, fantasques tenaient sur un fil, quand elle ne se murait pas dans le silence. 


(...)



En son absence, je songe à ses yeux vert opaline, à la sinuosité que dessine la rencontre de son front avec la racine de ses cheveux, à sa peau délicate, ses lèvres sensibles. Et l’envie de la caresser, de tenir son visage dans mes mains, de lui chuchoter des mots tendres ou salaces, d’entendre sa façon si particulière de dire j'en raffole, idiot, pour un oui ou pour un non.  

La prochaine fois, elle sera encore plus ravissante, je la tiendrai par la taille, on ira au Bar Déco. Il faut la faire rire. Prévoir qu’elle ne supportera pas trop longtemps la fumée, sortir, prendre l'air, rester attentif à la moindre de ses envies.

Début juillet, elle est revenue, étincelante. Viens avec moi, on va à Salzbourg.

On s’installe dans la maison de son père, murs hauts, sol carrelé. A l’époque on ne mettait pas de joint, c’est plus joli. Au-dessus du piano, il y avait une belle gravure, Saint Matthieu et l’Ange. Regarde bien, on dirait que l’ange va parler, j’aime bien ce jeu entre le blanc du drap et le rouge de la tunique. Sinon fais comme chez toi, mon père est en vacances. Le soir, entre autres, elle me lisait des vers en allemand, l’après-midi, on se promenait dans son Mini Cooper. Quartier libre le matin.  

samedi, janvier 14, 2012


Il y avait une fille
Jour, son prénom
si belle que j’en mourus
pour la première fois


Elle était souffle
et étreinte

Délicate
sous sa peau délicate

Un départ précipité,
un écart indélicat

et dans mon cœur les cendres
de son cœur filiforme

Le Raï de l'homme approximatif

  qui ne voit le monde que  solus ad solam  il l’arpente sans mètre  jusqu’à l’exil      l’homme approximatif est une allure  une figure lib...