mercredi, janvier 18, 2012

Extrait de "Lisa", roman de Saïd NOURINE


I. Elle est dans un labyrinthe, le ciel est noir de jais, bas, très bas au point qu’elle l’a, littéralement, au-dessus de sa tête. Il y a des chiens partout, des chiens errants. Elle se sent poursuivie, elle presse le pas, s’en sort mais se retrouve face à un mur de papier journal. Derrière elle, dans un rectangle tracé à la craie blanche, une femme, serrée dans une gangue, se tortille frénétiquement pour s’en débarrasser, ses pieds ne quittant jamais le sol. On dirait qu’elle pleure. Machinalement, elle se voile la face, se dandine au ralenti, et pleure pour de vrai. Elle avance vers Lisa, lui portant son extrait d’acte de naissance, avec la mention décédée. Lisa est stupéfiée de ce qu’elle voit, elle ne tient plus sur ses jambes, c’est la paralysie. Alors, la femme se frotte contre elle, les yeux mouillés, lui met un morceau de pain dans la bouche, un autre dans la main, et lui apprend à danser, pas à pas.



Dès la première séance elle m’a annoncé la couleur : J’ai peur de devenir folle. Pourquoi ça tombe sur moi ?! Elle était en colère, et me demandait souvent si je la trouvais normale. Ses récits confus, fantasques tenaient sur un fil, quand elle ne se murait pas dans le silence. 


(...)



En son absence, je songe à ses yeux vert opaline, à la sinuosité que dessine la rencontre de son front avec la racine de ses cheveux, à sa peau délicate, ses lèvres sensibles. Et l’envie de la caresser, de tenir son visage dans mes mains, de lui chuchoter des mots tendres ou salaces, d’entendre sa façon si particulière de dire j'en raffole, idiot, pour un oui ou pour un non.  

La prochaine fois, elle sera encore plus ravissante, je la tiendrai par la taille, on ira au Bar Déco. Il faut la faire rire. Prévoir qu’elle ne supportera pas trop longtemps la fumée, sortir, prendre l'air, rester attentif à la moindre de ses envies.

Début juillet, elle est revenue, étincelante. Viens avec moi, on va à Salzbourg.

On s’installe dans la maison de son père, murs hauts, sol carrelé. A l’époque on ne mettait pas de joint, c’est plus joli. Au-dessus du piano, il y avait une belle gravure, Saint Matthieu et l’Ange. Regarde bien, on dirait que l’ange va parler, j’aime bien ce jeu entre le blanc du drap et le rouge de la tunique. Sinon fais comme chez toi, mon père est en vacances. Le soir, entre autres, elle me lisait des vers en allemand, l’après-midi, on se promenait dans son Mini Cooper. Quartier libre le matin.  

samedi, janvier 14, 2012


Il y avait une fille
Jour, son prénom
si belle que j’en mourus
pour la première fois


Elle était souffle
et étreinte

Délicate
sous sa peau délicate

Un départ précipité,
un écart indélicat

et dans mon cœur les cendres
de son cœur filiforme

Le Raï de l'homme approximatif

  qui ne voit le monde que  solus ad solam  il l’arpente sans mètre  jusqu’à l’exil      l’homme approximatif est une allure  une figure lib...