mercredi, février 22, 2012

Soirée présentation de "L’origine du cérémonial", Claude LOUIS-COMBET Editions José Corti, janvier 2012



Rencontre avec Claude LOUIS-COMBET
Librairie Sandales d'Empédocle, Besançon
5 janvier 2012
(photo : Copyright Léa du Cos de Saint Barthèlemy)


D’abord cette phrase obsédante : « J’écris de l’enfant comme d’une nostalgie ». Un prélude à ce beau triptyque, L’origine du Cérémonial, composé de Gémellies, Choralies et Floralies.
Le premier texte, Gémellies, s’articule autour de deux moments, la scène du garçon avec lesBlancheneuves (Albanea), un champignon à fleur de peau, et celle des deux jumelles, Lise et Elise, scène où elles s’abandonnent, en miroir, dans leur besoins naturels, au vu du garçon, interdit. Chez Claude LOUIS-COMBET, l’enfant est en harmonie totale avec le paysage qui l’entoure, en fusion, en dialectique. Il est englobé dans ce paysage de « terres latentes sous les eaux, eaux latentes sous les terres ». Mais déjà l’enfant, celui de la nostalgie, est aux prises avec l’interstice, l’écart qui le pose toujours en deçà de l’objet de son désir. Et qui le voue à la recherche du même, rencontré dans l’amour, entre solitude et extase. Ce premier texte est celui du paysage intime, de la caresse, de la gémellité de l’œil et du sexe, de la peau qui sous-tend l’œil, métaphore du sexe de l’amante. Lise et Elise, les jumelles, seraient le terreau premier des expériences érotiques à venir. Elles symbolisent la fusion originelle. Et forment dans l’imaginaire du poète cette figure tant désirée : « L’homme né de l’amante. Amante née de l’homme. »

Choralies est un poème sur « la création érophonique. Ou la libre mélopée du corps jouissant ». La poésie se nourrit de la chair, et toujours de la nostalgie entretenue. Dans ce texte, la gorge de l’amante, ses lèvres, ses narines, sont le prolongement direct du sexe auquel elle « appartient par toutes ses racines et ses infinies radicelles. » La gorge est un signe. Celui de la mélopée des premiers émois, autour d’un garçon dont le narrateur ne connait de lui que sa voix dans le chœur du chant. Avec cette belle phrase qui résume tout : « Mon amour voulait le garder de mon impureté. Mais son amour devait me rejoindre jusque dans mon impureté.» Voix d’alto et voix de basse, frontière entre grâce et péché. Là aussi, et de façon plus prégnante, le texte se nourrit des émotions religieuses.

Floralies. C’est d’abord un coin derrière l’église où l’on jetait les fleurs qui servaient à la décoration de l’autel, toujours à l’ombre, lieu, nous dit Claude LOUIS-COMBET, de prédilection du mal. Ce texte évoque, encore et toujours, ce garçon de 11 ans, cette figure indispensable, cette belle métonymie de l’homme. Evidemment, dans Floralies, la femme est associée au jardin, les filles ont une nature florale. Mais cette femme n’est autre que la grosse Torine, la mère du garçon, qui présidait à la décoration de l’église. Floralies serait donc ce lien pervers, subtil entre l’enfant de fin d’enfance, le monceau des fleurs pourrissantes, la profusion florale, liée à « la mère, fruste, de sensualité obtuse, de religion bornée et femme cependant.»
L’imaginaire de l’enfant suit le fil d’un cercle s’enfonçant en spirale jusqu’à l’objet de sa fascination et de sa convoitise : sa main contourne ce qu’elle veut saisir ; sa marche en méandres qui ne semblait l’éloigner de son but que pour l’en approcher plus sûrement ; sa pensée qui se complaisait aux confins, pour tenir en suspens l’évidence. L’enfant n’est autre que cet « œil de pécheur anxieux et avide», qui voyait dans le pourrissoir des fleurs le reflet de son âme.

Dans l’Origine du Cérémonial, il y a conjonction ponctuelle d’animalité, de végétabilité et d’humanité. Il y a cette poésie dans le déploiement du désir. Mais il y a surtout ce lien indéfectible entre deux instances, le « garçon » et le « je », l’instance du poète. L’écriture de Claude LOUIS-COMBET est ce fil palpitant, cette manifestation pulsatile du cordon ombilical entre le « garçon » et le poète, qui épouse la cause fantasmatique de son personnage en lui injectant toute sa tension d'imaginaire. Le texte serait la projection d'une rêverie personnelle qui s'alimente elle-même à de multiples sources : mythologiques, oniriques, culturelles, esthétiques, spirituelles, mystiques,...

Saïd NOURINE

Janvier 2012

Extrait de "Sauf si parmi l'excès", Saïd Nourine, 2010


…à l’index

à chaud
cheveux à l’index
lèvres brillantes
Nénuphars en fuite

Aux filaments palpitants
à l’arrimage du sexe
La langue fausse le style

Rieuse aperture

distant , en train d’écrire…
L’amant rouleur de rimes
file à l’endroit
et de travers
dessiner le dos tricheur

 de sa noiseuse

fondue dans ses phantasmes
I still want
La marche qui suspend
les suffocations à peine
subtiles.
Presque à reculons/

hors ligne
doigts repliés, cortex
de reptiles moqueurs
sur des fluides grisant
mes nerfs chanceux
(Hormis son buste)
m’y attendais-je et
cætera.

Le Raï de l'homme approximatif

  qui ne voit le monde que  solus ad solam  il l’arpente sans mètre  jusqu’à l’exil      l’homme approximatif est une allure  une figure lib...